BORDEAUX
Paroles et musique : Bernard Lacotte
www.chanson-libre.net
Bordeaux je t'aimais mieux quand tu étais un port,
quand des bateaux ventrus remontaient la Garonne
pour venir décharger l'Afrique par tribord,
dans les hangars fermés de grilles monotones.
Bordeaux je t'aimais mieux quand tu avais encore
des odeurs d'inconnu qui embaumaient les quais
derrière les tonneaux emplis de vin trésor,
c'était vers l'Amérique que je rêvais d'aller.
Je t'aimais mieux aussi quand t'étais maquillée
aux couleurs violentes séduisant les marins,
par les filles de joie qui arpentaient les quais
ou que l'on retrouvait dans les bars à putains.
Tu as vieilli Bordeaux tu t'es trop assagie
et c'est à Mérignac que les grands oiseaux blancs
remplaçant les bateaux décollent sous la pluie
mais voler dans le ciel ne vaut pas l'océan.
Bordeaux je t'aimais mieux mais si en vieillissant
tu as perdu ton âme il te reste le cœur
le marché des Capu et la gare st Jean
la place Gambetta n'ont pas changé d'odeur.
Et dans tes rues mouillées je reviens en arrière
je revois mon enfance et les jeudis pluvieux
où j'arpentais les cours, allais jusqu'aux barrières
et courrais vers les quais là où j'avais mes jeux.
Je vis ici ou là j'ai parcouru le monde,
mais je n'oublie jamais le cours de la Garonne
d'où nait au confluent l'estuaire Gironde,
virgule traversant la terre vigneronne.
Je veux mourir ici et même un peu avant
revenir y vieillir retrouver le décor,
dans lequel j'ai grandi le quartier bacalan
même si j'aimais mieux quand tu étais un port.