Texte de Joël Dordenne

Rivières d’amour,
Rivières de thunes,
Où va l’amour ?
Où va la thune ?
Au confluent,
Ça fait des vagues,
Et des tourments,
Et des zigzags.
Tu veux d’l’amour,
Donne-moi trois thunes,
Tu veux une brune,
Attend ton tour,
C’est la dernière,
C’est là, derrière,
Fais attention,
C’est court mais bon !

C’est court mais bon,
Comme pour Paris,
Qu’est une blonde,
Dans la chanson,
Reine du monde,
Mondaine rouée,
Hier j’t’aimais,
Aujourd’hui non.
J’te raimerai,
À l’occasion,
Quand j’me s’rai r’fait,
Pour tes rincées.
On croit qu’on t’hait,
Mais, on te r’vient,
Paris pantin,
Car c’est si bon !

Où va l’amour ?
Où va l’ennui ?
Va-y l’amour,
Sème l’ennui !
Fais attention,
Car il revient,
Passe le pont,
Sur tes chagrins !
Ton cœur s’accroche,
À l’accroche leurre,
Foutue erreur !
T’es bien trop gauche,
Faut-être adroit,
À ces jeux là,
La prochaine fois,
Tu comprendras !

Et toi l’ennui,
T’es une sangsue,
Pour l’anémie
Du cœur déchu,
Tu t’invites à
Tous les repas,
Tu empoisonnes
Quand ça déconne !
Ennui train-train,
Tu t’habitues,
Même au chagrin,
Tu n’y crois plus !
Ennui alcool,
Et glou et glou,
Ennui pot d’colle,
Au fond du trou !

Où va l’amour ?
Où va la gloire ?
Une page d’amour,
Un livre d’histoire,
Un air d’amour,
Un nerf de guerre,
Un mot d’amour,
Des maux de guerre,
Un drap de lit,
Un drapeau qui,
Dit c’est fini,
Pour aujourd’hui,
Range tes outils,
Prend ton fusil,
Le train démarre,
L’amour se barre !

Où va l’amour ?
Au show-bisness,
Ou à Carrefour :
Amour en tube,
Amour détresse,
Amour à stress,
Caddies d’amour,
Pilules d’amour !
Quand on n’a qu’ça,
Met ta capote,
On remet ça,
On reste pote.
Rien pour la vie,
Badine et vis,
Et pour demain,
On verra bien !

Où va l’amour ?
On verra bien.
Où va la vie ?
Dans les carrefours,
On verra bien,
Si tout le monde suit,
À l’accident,
Tout l’monde descend !
L’amour, ça s’casse,
Ça change de place,
De guerre lasse,
L’amour grimace.
La vie ça passe,
Alors, ramasse
Les bouts d’carcasses !

Où va l’amour ?
Où va la vie ?
Où va la thune ?
Où va l’ennui ?
C’est à qui l’tour,
D’être posthume,
Dans cette gare,
Où tout s’égare ?
Quel est ce train,
À quai pour rien,
Ces faux départs
Ces vrais cafards ?
Lanterne rouge,
Plus rien ne bouge,
Les jeux sont faits.
À plus jamais !